Patrick Hochart
La folie de l’obligation

 

 

La folie de l’obligation

 

À Philippe Beucké in Memoriam

Je me propose d’aborder aujourd’hui la question épineuse de l’obligation, soit sans doute ce qui est au cœur la philosophie politique classique, laquelle n’a cessé, au moins de Hobbes jusqu’à Rousseau, d’interroger l’énigme de l’obligation et de s’enquérir de son fondement ou de sa facture, comme en témoigne, par exemple, le sommaire du Contrat social dans la cinquième des Lettres écrites de la montagne : « Qu’est-ce qui fait que l’Etat [i.e. : la République ou le corps politique, « lequel est appelé par ses membres Etat quand il est passif, Souverain quand il est actif, Puissance en le comparant à ses semblables » (CS, I, 6, III, p.362)] est un ? C’est l’union de ses membres. Et d’où naît l’union de ses membres ? De l’obligation qui les lie. Tout est d’accord jusqu’ici. Mais quel est le fondement de cette obligation ? Voilà où les auteurs se divisent » (III, p.806). Ainsi l’obligation apparaît comme le creuset même du « corps moral et collectif » ou de la « personne publique » que constitue une Cité (CS, I, 6, III, p.361), à la fois comme la forme même de l’impératif moral et comme le nœud même du vivre ensemble qui assure, en qualité de lien social, la consistance du collectif, soit encore comme l’équivalent « moral » des forces qui façonnent la cohésion d’un corps physique, en sorte que la réflexion politique ne laisse pas de se demander ce qui transforme la « force en droit et l’obéissance en devoir » (CS, I, 3, III, p.354).

Pour lire la suite cliquer ci-dessous:
La folie de l’obligation