Christophe Scudéri
« Réinventons Lacan ! »

 

 

« Réinventons Lacan ! »

par Jacques Lacan

   La consigne étant de parler dans un temps relativement restreint puisqu’il est de vingt minutes, il faut donc que je me presse à dire. On notera dès cette entame combien cette consigne ressort déjà d’une logique lacanienne, celle de la hâte comme corrélative de la séance à durée variable, ce qui est cohérent avec l’objectif de cette journée qui consiste à interroger notre rapport, notre lien, notre transfert à Lacan, les conditions d’énonciation étant ici cohérentes à l’énoncé. Cette remarque inaugurale démontre incidemment combien la vision lacanienne imprègne à un point tel notre manière de penser (de celui qui a prescrit cette consigne mais aussi de celui qui la dénonce voire des spectateurs assistant à cette journée) qu’il leur devient « naturel » et « automatique » de penser selon des termes lacaniens. Bref, comme l’annonce le titre, nous ne pouvons faire sans Lacan. D’où cette question qui n’a de provocante qu’en apparence puisqu’elle se pose véritablement : comment sortir de Lacan ?, phrase que l’on peut entendre à la fois comme : peut-on penser sans Lacan c’est-à-dire en nous écartant un minimum de ses schémas de pensée dont, en premier lieu, le triptyque Réel, Symbolique, Imaginaire qui représentent l’alpha et oméga de la pensée analytique contemporaine mais aussi : dans quel état sommes-nous, nous filles et fils de Lacan, en tant que nous sortons tous de lui puisque nous venons après son acte de « retour à Freud » qui donne sa forme à la psychanalyse d’aujourd’hui ? Pour l’énoncer autrement, nous poser la question du « comment sortir de Lacan ? » est une manière d’interroger notre rapport à Lacan comme Nom-du-Père en tant qu’il est à la fois celui qui engendre et celui qui fait loi (du langage). Mais, peut-être que certains parmi vous ont du mal à se reconnaître dans cette façon de poser la question de notre contemporanéité analytique. Aussi, faut‑il que je précise depuis quel lieu mais aussi depuis quel temps je parle, ce qui, rien d’étonnant à cela vu ce que je viens d’énoncer, est une question de génération.

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Reinventions Lacan