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EN MEMOIRE DE MICHELE MONTRELAY

Le CERCLE FREUDIEN a informé ses membres, les abonnés de son compte et les associations de Psychanalyse du décès de Michèle Montrelay le 29 mars 2023.

Michèle était une figure importante de la psychanalyse contemporaine. Elle a été membre de l’Ecole Freudienne de Paris dès sa création par J. Lacan en 1966 et dès 1970 publiait dans la revue Critique un article ‘Recherche sur la sexualité féminine’ qui fera date et qui sera repris et développé dans son premier livre L’ombre et le nom (éd. de Minuit) paru en 1977.

En 1981, elle s’oppose à la dissolution de l’EFP, l’un des ressorts de cet éclatement étant relatif à l’élaboration par elle et par d’autres analystes d’une théorisation différente des enjeux relatifs au féminin et à la transmission du symbolique.

Dans le livre La portée de l’ombre (Ed. du Crépuscule, 2009), elle revient sur son parcours personnel et analytique et présente les concepts qu’elle ne cessera de creuser ensuite : l’inconscient fœtal et ancestral, le continu et le discontinu, la bijection, le passé réel, la mémoire du corps, l’ombre, le rapt de pulsion…

Elle nous avait fait l’honneur de choisir le Cercle Freudien pour tenir son séminaire pendant plus de deux ans entre 2016 et 2018, et elle avait tenu à participer également à la journée du Cercle de novembre 2022 : A la rencontre de Michèle Montrelay, où tous les intervenants ont témoigné de l’importance de sa pensée dans leur clinique.

Robert Montrelay a transmis les textes de préparation de ses séminaires au CA du Cercle, qui a pris la décision de les publier sous forme de CAHIER à usage interne de ses membres (papier et site). Par ailleurs, le prochain numéro de CHE VUOI prévu à l’automne lui sera consacré, un comité de rédaction a été constitué à cette fin à partir des deux groupes de lecture de ses textes, au sein du Cercle. 

De plus, depuis quelques années elle travaillait sur la réécriture des nombreux textes analytiques qu’elle avait publiés dans différentes revues ou livres collectifs. La préparation de la publication de ces textes est en cours à Campagne Première.

Le CA du CERCLE FREUDIEN, mai 2023

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À VENIR


Samedi 17 juin
à 14 heures
10, passage Montbrun 75014 Paris

DE QUOI ÊTRE FOU
Présentation du thème de l’année

par Pierre Boismenu et Isminie Mantopoulos

Samedi 24 juin
à 14 heures 30
Salle Marcel Petit
2 rue de l’Hôtel Dieu 21240 Talant

Alexandre Dornier
LA DÉPRESSION VUE PAR LES NEURO-SCIENCES


Samedi 1° juillet
à 14 heures
10, passage Montbrun 75014 Paris

LES PUBLICATIONS DU CERCLE
Che Vuoi ? LE MAL
Actes des journées d’octobre à Lille
L’impasse sexuelle et ses fictions
La bibliothèque

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THÈME DE L’ANNÉE

2023-2024

De quoi être fou

Cette formule peut paraitre un peu « infamilière » pour un thème de l’année, et de fait  elle est foncièrement équivoque : qu’entendre sémantiquement par « fou », entre psychose et affolement, entre détresse et excitation, errance et extase ? Par « de quoi », entre cause et objet ? Par « être », entre état et devenir ?…  Et syntaxiquement: assertion, exclamation, interrogation ? 

Elle fait d’abord écho à un air du temps qui porte aux limites de la « raison », y compris peut-être de la « raison depuis Freud »[1], au point qu’il faudrait nous atteler à inventer quelque chose comme une « raison depuis Lacan » pour tenter d’être à la mesure du fol aujourd’hui. Au-delà des effets de la période covid, n’est-elle pas un révélateur symptomatique du devenir accéléré de ce qu’on appelle « anthropocène » ? Le signifiant « être fou », dans toute l’ambivalence de ses usages, pourrait-il alors être un mot de passe pour réinventer cette « raison merveilleuse et imprévue » à laquelle Rimbaud (poème : Génie) nous convoque ?

Il ne s’agit certes pas, pour nous, de rendre compte de la « folie du monde », mais d’en prendre la mesure pour autant que la psychanalyse, si elle est excentrique par rapport à toutes sortes d’autres pratiques sociales[2] n’est pas extraterritoriale :la cure ne conduit pas les patients à exister dans les limbes mais, dans leur singularité, à ex-sister au monde.

Une telle formule peut donc accueillir les travaux qui s’efforcent de prendre la mesure de l’incidence du bouleversement sociétal sur la clinique, et inversement faire valoir les ressources de notre pratique pour penser ce qui nous arrive, comme par exemple l’émergence des discours sur le transgenre ou la trans-identité ou sur l’inceste et les violences faites aux femmes… Elle peut aussi s’ouvrir à des élaborations folles de certains sujets, artistes ou simples patients pour peu qu’on ne les réduise pas à une pathologie.  Et encore, donner à partager des élaborations qui tentent de rendre raison de l’analyse poussée jusqu’au bord du possible. Sous ce thème, on pourra donc retravailler nos fameuses catégories « pernepsy », que la psychanalyse a déjà dévoyées de la psychiatrie en en parlant en termes de structures (variétés de la prise dans le langage) et de transferts spécifiques.

Cette « folie » peut aussi affecter nos corps et inviter à prendre en compte un savoir inconscient du corps comme par exemple chez Michèle Montrelay, tout comme l’histoire voire la préhistoire du Sujet ; et affecter la psyché dans sa complexité, dimension subjective délaissée par la science et la médecine et par nombre de discours publics particulièrement bruyants, agressifs et intolérants qui reviennent à forclore ou dénier l’inconscient.

Le thème de l’année consiste donc moins en un fil notionnel qu’il n’offre une tresse, elle-même un peu « folle », de fils hétérogènes. Un peu folle au sens où elle prend acte de ce que les pensées établies semblent s’affoler de nos jours, au risque d’une grande confusion de pensée. Ce qui nous appelle d’autant plus à un renouvellement de la raison analytique afin de pratiquer l’analyse, y compris à contre-courant… 


[1] Lacansous-titre de L’instance de la lettre.

[2] Ou « discours » au sens de Lacan.

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Publications récentes sur le site :

Dans la rubrique « notes de lecture » :

Dans la rubrique « textes et documents » :



Vidéos :

Luis Izcovich : Le savoir-faire du psychanalyste Discutants : G Dana, P Boismenu.

Dans l’espace réservé aux membres :

Louis Sciara : Ce que la clinique de l’enfant m’enseigne sur les enjeux structuraux, le maniement et la fin d’une cure d’adulte

Un texte de Françoise Delbary et un texte de Jean-Jacques Blévis à propos de la procédure d’inscription