L’impasse sexuelle et ses fictions
Actes des journées d’études de Lille d’octobre 2022

« L’impasse sexuelle sécrète les fictions qui rationalisent l’impossible qu’elle démontre » (Lacan Télévision). Par « fictions » entendons les discours qui organisent le rapport de chacun aux corps et aux identifications sexuées (dans le vocabulaire de Lacan les jouissances et les semblants).

Dans un passé pas si lointain, il revenait aux traditions, et d’abord religieuses, de leur donner consistance. Les identités sexuées, tout comme le choix des partenaires, y étaient « naturellement » (divinement) programmés, et relevaient de l’évidence. Cela n’excluait évidemment pas toutes sortes de « déviances », plus ou moins tolérées. Il revient à Freud d’avoir remis radicalement en question ces évidences, de même que le caractère pathologique des dérives.

Aujourd’hui de nouvelles fictions se développent offrant une grande diversité de modèles et de pratiques, de semblants et de jouissances. Elles se proposent comme autant de références nouvelles et donnent lieu, paradoxalement, à toutes sortes de fixations (de fixions) identitaires. Ces mouvements concernent, certes, des minorités, mais ils ne sont évidemment pas sans effet sur la clinique analytique dans son ensemble. De quelle manière ? Jusqu’à quel point ?

Tout cela témoigne des modifications qui affectent le discours du Maître contemporain. Celui-ci a changé depuis que Freud s’appuyait sur le modèle familial pour théoriser l’Œdipe, et aussi depuis que Lacan mettait au premier plan sa propre version de l’Œdipe : le Nom-du-Père et le signifiant phallique. Cela doit-il nous amener à envisager autrement la manière dont nous théorisons les identifications sexuées et les choix sexuels ? L’Œdipe freudien, le Nom-du-Père, les mathèmes de la sexuation…. tout ce à quoi nous nous référons pour penser les jouissances et les identifications sexuées, et qui répond à un certain état du discours du Maître à un moment donné, doit-il être reconsidéré aux temps qui sont les nôtres ?

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SOMMAIRE

OUVERTUREDANIEL WEISS 
L’IMAGE EST BONHEUR,- MAIS PRÈS D’ELLE LE NÉANT SÉJOURNE   VALÉRIE WAILL-BLÉVIS
L’IMPASSE N’EST PAS SANS ISSUE   CHRISTOPHE SOULIER   
LA SEXUALITÉ,ESPACE DE FICTION/FIXIONFRANÇOISE DELBARY-JACERME 
LES FICTIONS DE LA SEXUALITÉ,SOCIALES, PSYCHANALYTIQUES,
LITTÉRAIRES … QU’EN FAIRE?   
LISE DEMAILLY
UNE AFFAIRE DE CHOIX   DANIEL WEISS 
L’UN PASSE, L’AUTRE PAS. NARCISSE ET ECHO PASCALE PENNEL 
TRIE(E)BUALTIONS DE LA SEXUATION:IDENTITÉ DE GENRE
OU GENRER L’IDENTITÉ?
DANIEL KOREN
L’IMPASSE SEXUELLE : SOLUTIONS SYMPTOMATIQUES
OU SINTHOMATIQUES DU MALAISE? 
JEAN-JACQUES BLÉVIS
CONSENTIR AU DÉSIRMICHÈLE VIERLING-WEISS 
S’ASSIGNER SEXUELLEMENT POUR EXISTER ALAIN LEMOSOF 
SUPPLÉMENT : BRUCE, BRENDA ET DAVID FRANÇOISE TRÉMOLIÈRES