Isabelle Lemaire
De l’Entre soi comme frayage vers une altérité possible

De l’Entre soi comme frayage vers une altérité possible

Isabelle Lemaire

1968 .. Dans la rue, les femmes sont nombreuses à crier leur révolte : les femmes dans la rue, pas dans la cuisine.. Nous ne sommes pas des poupées !

Antoinette Fouque vient d’avoir 32 ans. Elle fait partie de ces femmes qui ne trouvent pas leur place dans un mouvement qu’elles jugent « viriliste ». Ce qui la frappe d’emblée c’est le mutisme des femmes dans les A.G. On avait remarqué- dira-t-elle – que s’il y avait trois mille femmes dans une assemblée et un seul homme c’était lui qui parlait ! C’était comme ça.

C’est peut-être aussi parce qu’il leur fallait se déguiser en garçons pour s’autoriser l’espace social de la rue nocturne qu’elles n’ont eu de cesse de vouloir imposer – pour reprendre les termes d’Antoinette Fouque – imposer le femelle sexué.

Si l’on a pu parler d’un jeu d’Eros dans le logos, à entendre là dans son sens général de « culture », c’est que leur expérience fut celle d’un déploiement de l’homosexuation à une autre femme. Comme l’énonce avec justesse Marie-Hélène Devoisin, le MLF a réinventé le pacte d’homologia, de parrêsia, grâce à l’instauration d’une philia entre femmes. Autrement dit, le MLF a été une expérience politique qui a permis d’ouvrir l’espace publique aux femmes par la formation d’un lien homosexué fondé sur des positions d’indépendance réciproques où le soucide l’aimée, l’éromène, dans son accès à la culture était souci de soi pour l’amante,l’eraste.

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